Paul HECQUET-BOUCRAND

(1827-1896), spécialiste de toponymie et de la religion hindoue

 

Il a écrit : Dictionnaire étymologique des noms propres d'hommes contenant la qualité, l'origine et la signification des noms propres se rattachant à l'histoire, à la mythologie des noms de baptêmes, etc.... Paris, Victor Sarlit, 1868. In 8 broché, XVI-258 pp.

Dictionnaire Étymologique des Noms Propres d'Hommes

Livre que je viens d'acquérir le 8 mars 2004 chez 

Librairie la Duchesse Anne - M. Philippe Turcas

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Il a aussi écrit l'étude ci-dessous

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ÉTUDE

sur

L'ORIGINE DE LA CONJUGAISON

DES VERBES

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    S'il est un sujet d'étude intéressant pour l'homme, c'est bien assurément l'origine même des mots et des formes lexiques de la langue qu'il parle ou qu'il étudie. C'est grâce à la linguistique, à l'étude comparative des langues, que nous sommes arrivés, comme Champollion pour les hiéroglyphes, à connaître la signification des mots, l'explication des vocables, la valeur exacte des expressions, car la science de la linguistique donne la notion du vrai sens, de la force et de la juste signification des mots dans leur forme originelle; elle recueille dans les traditions du passé , sur les traces de l'homme qui meurt et des générations qui sont mortes, l'histoire de l'humanité qui ne meurt pas. Elle va chercher partout la raison véritable et originaire des notions des idées attachées à chaque terme, à chaque expression. Elle est indispensable pour saisir la suite et l'enchaînement des mots. Elle tire des preuves d'antiquité des vestiges qui se conservent et des indices qui subsistent encore dans l'usage présent, en le comparant avec celui des siècles passés, nous exhibe le mécanisme des langues antiques , nous dévoile la marche secrète du langage, la cause cachée de ses variations, de ses métamorphoses, de ses progrès, de sa décadence, en développant nos facultés intellectuelles et en nous faisant assister au grand spectacle de l'élaboration et des transformations de notre langue.

   C'est la découverte du sanscrit, cette langue admirable par son énergie, sa régularité, sa richesse, mais surtout par son accord parfait avec nos idiomes européens, dont elle fixe la descendance héréditaire, la filiation logique et tous les modes de combinaisons, entre autres la conjugaison des verbes, qui a permis ces recherches d'origines.

   Le sanscrit est donc appelé à devenir la langue classique par excellence, car il explique le grec et le latin, l'allemand et l'anglais, qui, sans son secours, sont souvent inintelligibles. En voici une preuve, qui nous mène tout naturellement au but de notre étude:

   Le mot père, pris individuellement, et sans le secours du sanscrit, ne signifie rien, si ce n'est un vocable s'appliquant au chef de la famille. Nous le retrouvons dans le padre espagnole et italien, dans l'anglais father , l'allemand vater , le latin pater , le grec patér. Là s'arrêtent les études classiques. Le mot père vient du latin pater , par patrem (par le changement de a en e, comme mer de mare, frère de fratrem, mère de matrem, et  de tr en r, comme pierre de petra, verre de vitrum, tarière de taratrum, etc.), dérivé du grec patêr, dit-on, et c'est tout. Mais si nous remontons à la source primordiale, au sanscrit, alors la clarté originaire du mot apparaît. Lorsque nous parlons du père ( patrem latin ), avec patrie, pasteur, pain ( panem ), nous répétons quelque produit du verbe sanscrit , garder, nourrir, protéger, soutenir; et ce , uni au pronom tar ou tri, donne patar, celui qui garde, qui nourrit, qui protège, qui soutient, proprement le père, définition sublime du chef de famille, à laquelle les siècles, malgré le développement de l'esprit humain, n'ont rien ajouté. Aujourd'hui encore, chez les Hindous, le mot se retrouve tel quel avec le sens de gardien; et accolé avec gau, , la vache ( all. kuh, ang. cow ) : gaupâ ou gôpâ, il désigne le gardien de troupeaux.

   De même, le mot mère, latin mater, grec mêtêr, allemand mutter, anglais mother, espagnol et italien madre, venant du sanscrit mâtâr, mère ( de , étendre, propager, engendrer; târ ou tri est le pronom ), proprement celle qui étend la race, qui propage, qui engendre; d'où maternel maternité, materia, la matière, qui est le produit de l'acte de l'énergie procréatrice, un ensemble de centres de force, l'ensemble des contours qui constitue la forme, la chose qui a force ( volonté ), et par conséquent vie ( amour ), un beau mot qu'on ne comprend plus aujourd'hui et qui amène une foule de malentendus.

   Combien de formes lexiques dérivées de ce , étendre, avec la signification individualisée de mesurer, comme dans matram, mesure, grec métron, mesure, métréo, mesurer, latin metrum, le mètre, et surtout avec la belle image de mesurer des idées, comparer, penser; d'où par le principe passif mana, man, penser, réfléchir, croire, manu, manava, qui pense, qui réfléchit, le penseur, the man; manas, grec ménos, ce qui pense, l'esprit; mati, l'action de penser, la pensée, proprement il pense, mant, latin ment, mens, le pensant, l'esprit, la désinence française ment, etc. Ainsi s'expliquent l'anglais, man, l'allemand mann, le gothique manna, dont les langues germaniques ne donnent aucune signification en dehors de l'expression homme. Et ce mot man, précisément , nous l'employons sans cesse sans nous en douter. La terminaison ent, pour ant, employée pour forme le pluriel dans les verbes, n'est autre chose que le mot man, homme, et nous pouvons démontrer en donnant l'étude comparative du verbe être ( sanscrit âs, grec eimi, latin esse ) dans le système indo-européen. Ce verbe fondamental, commun à toutes les langues indo-européennes, a subi diverses modifications aux deux premières personnes du présent, mais la troisième est partout identique.

   Sanscrit ASMI (1), je suis, grec esmi, eimi, latin sum, lithuanien esmi, gothique im, russe esm, anglais am, allemand (b)in, français suis, ancien français sui.

   Sanscrit ASI (2), tu es, grec eis, essi, latin es, lithuanien essi, russe esi, gothique is, allemand (b)ist, français es.

   Sanscrit ASTI (3), il est, grec esti, latin est, français est, lithuanien et russe esti, allemand et gothique ist, anglais is.

   Sanscrit ASMASI (4), nous sommes, grec esmés, latin sumus, français sommes.

   Sanscrit ASTASI (5), vous êtes, grec esté, latin estis, français êtes pour estes.

   Sanscrit ASANTI, ASMANTI (6), ils sont, grec enti, latin sunt, français sont, allemand et gothique sind.

(1) Mi, aham (ego), ma, me, moi, grec mé, tudesque mih, anglais me, gael mi, latin me, mihi.

(2) Si, c'est le grec su, sou, soi, sé, les Doriens disent tu, tou, toi, té, et les Latins tu, tui, tibi, te; allemand du, anglais thou.

(3) Ti, c'est l'anglais it, il, grec autos, latin ille, id, goth. ita

(4) Ma-si, moi et toi, nous.

(5) Ta-si, lui et toi, vous.

(6) Man-ti, l'homme et lui, l'homme et l'autre, c'est à dire l'homme qui est ici et celui qui est là, plus éloigné; l'homme, man, manou, et lui, ti, celui-là: tous deux, ils. Celui qui est le plus proche s'entend par man, l'homme, et celui qui vient après, présent ou absent, par ti, lui: l'homme et lui, manti.--Man, manou, prop. le penseur, celui qui pense, qui réfléchit, l'être intelligent par excellence, de man, penser.

   Comme on le voit, en décomposant chaque mot, le système de notre conjugaison se retrouve dans le sanscrit parfaitement déterminé, et dès lors nous comprenons chaque forme des mots; la règle primitive se rencontre partout, et notre conjugaison, loin d'être un effet du hasard ou même une invention de la langue, est une règle établie selon le génie des langues indo-européennes. L'étude comparative suivante le démontre encore :

Sanscrit bhar, porter Sanscrit dâ, donner Grec didômi, donner Latin dare, donner Latin amare, aimer
Bharâmi Dami Didômi Do Amo
Bharasi Dasi Didos Das Amas
Bharati Dati Didôti Dat Amat
Bharamas Damasi Didomen Damus Amamus
Bharatas Datasi Didote Datis Amatis
Bharati Danti Didonti Dant Amant

   La conjugaison des verbes démontre scientifiquement, par des faits sans cesse vérifiables d'histoire naturelle du langage, l'harmonie parfaite de l'organisme syllabique de la pensée qui unissait les divers peuples de la race indo-européenne, et elle prouve, une fois de plus, la similitude de leur constitution mentale, et par conséquent l'identité de leur organisation cérébrale

P. HECQUET-BOUCRAND

Cette étude, publiée dans la Revue littéraire de septembre 1887, a été couronnée par l'alliance littéraire de Toulouse, au concours d'août 1887 ( médaille de vermeil ).

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Il a aussi écrit

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- La Trinité védique, Dyauspitar, Agni, Vayu, 1877, impr. de A. Hennuyer, Paris, 14 pages , in-8


- Vayu, étude sur l'âme humaine, 1889, impr. de A. Hennuyer, Paris, 4 pages, in-8

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